Mai 2011, dans le prolongement de la catastrophe de Fukushima et face au manque de transparence des autorités nippones en matière de mesure, se développait sur le territoire japonnais un des premiers réseau interconnecté de capteurs citoyens, Safecast, visant à mesurer les niveaux de radiation.
Cet évènement majeur, sa médiatisation au delà des sphères technologiques traditionnelles, a confirmé une intuition que nous avions depuis longtemps : à savoir que l’Internet des Objets, celui des capteurs, des commutateurs ou des compteurs intelligents et communicants était en passe d’acquérir la maturité nécessaire pour sortir des laboratoires des grandes entreprises et des grandes universités et se diffuser dans la société, trouvant ses usages et un terreau pour le développement de nombreux projets citoyens ou entrepreneuriaux.
C’est le projet du réseau Citoyens Capteurs qui, en s’appuyant sur l’expertise et les prototypes développés par Les Appliculteurs, a l’ambition de mettre à disposition des citoyens, des associations ou des entreprises, des dispositifs de mesures environnementale ou énergétique localisées et d’en partager les résultats et les pratiques qui en résultent.
Ce que nous apprennent toutes les initiatives citoyennes, de Safecast au projet AirQualityEgg en passant par les projets StreetSensing ou SmartCitizen et bien d’autres, c’est que les promesses de l’Internet des Objets, bien au-delà des projets industriels qui tendent à le monopoliser en imposant ses normes, peut aussi devenir un outil d’empowerment des citoyens. Prolongeant en cela le mouvement du logiciel libre dont une des principales vocations était de rendre le plus accessible possible l’informatique aux non-initiés, ce mouvement de l’électronique libre et participative, arrimé à des préoccupations environnementales fortes et à un mouvement social puisant ses origines dans la culture du Do It Yourself, réinterroge le rapport de l’homme à son environnement en le dotant d’outils d’action ou de mesure jusqu’à présent incessibles.
Depuis plus d’un an et demi, le réseau des Appliculteurs s’emploie dans le cadre du projet « Citoyens Capteurs » et en lien avec l’association Respire à développer des outils interconnectés de mesure de la pollution de l’air. Ce projet visant à déployer un vaste réseau
de capteurs de particules et de dioxyde d’azote qui permettra à tout un chacun de mesurer le niveau de pollution à l’endroit où il se trouve et de partager cette mesure sur le réseau dans une logique d’opendata. Il ne cherche pas à vérifier et moins encore à contredire les données fournies par les organismes de surveillance de la qualité de l’air, mais bien à les compléter en les mettant à la hauteur du citoyen, en lui permettant de se rendre compte par lui même des niveaux d’exposition auquel il est exposé.
Une des originalités de ce projet est de s’imposer des contraintes scientifiques fortes quant à la qualité de la mesure fournie par les capteurs proposés. Cette contrainte apparaît particulièrement importante tant les enjeux de société sont aujourd’hui cruciaux. Une récente étude de l’Institut de Veille Sanitaire montrait que la pollution de l’air était responsable de plus de 16 000 morts par an et que le coût économique de cette pollution était estimé de 20 à 30 milliards par an. Difficile dans ces conditions de se satisfaire d’un à peu près confondant outils fiables de mesure avec ce qui ressemble plus parfois à des détecteurs de fumée.
Une autre contrainte forte de ce projet a été de s’inscrire dés son origine (et bien avant le développement d’un premier prototype) dans un dialogue nourrit avec les acteurs, associations de promotion de la qualité de l’air, de santé environnementale, etc. Cette « contrainte » a d’emblée permis d’inscrire le projet technologique des « citoyens capteurs » dans un débat social et environnemental dont l’actualité n’a pu échappé à personne tant les critiques sur la dangerosité du diesel par exemple se font de plus en plus entendre.
Dernière contrainte, celle qui s’impose d’ouvrir ce projet à tous ceux qui souhaitent s’y associer à travers une réflexion sur la pollution,sur ses enjeux, mais aussi sur la question de la mesure et sur sa fiablilité et de proposer à terme le développement d’ateliers permettant de créer ses propres capteurs communiquants.
C’est la raison pour laquelle les Appliculteurs ont répondu avec enthousiasme à l’invitation de la Cantine d’organiser une présentation public de ce projet et de l’ouvrir très largement à tous ceux qui s’y intéressent en invitant à débattre des enjeux à la fois sanitaires, environnementaux, techniques et citoyens qui traversent cette initiative.
Le programme de la soirée :
19h Accueil
19h30 Présentation du projet les Citoyens Capteurs
20h Tour de table
- Animateur : Olivier Blondeau, Les Appliculteurs
- Jean Paul de Vooght, Citizensensing
- Laurence Allard, Les Citoyens Capteurs
- Sébastien Vray, association Respire
- Karine Léger, AirParif
- et un(e) expert(e) de santé environnementale (sous réserve)
21h30 Workshops – présentation des capteurs, groupes de travail hardware, discussion avec les porteurs de projets animé par Gabriel Dulac-Arnold des Appliculteurs
Inscriptions sur le site de La Cantine