Dans le cadre du partenariat de Citizenwatt avec ICF-La Sablière, les premiers habitants de deux quartiers de Paris, les 12ème et le 18ème arrondissements, se sont portés volontaires pour utiliser chez eux du dispositif développé par Citoyens Capteurs, Fabelier et hackEns. Dans le prolongement des premières visites de pré-installation du capteur, nous avons pu constater qu’il existait une appétence forte pour la fabricationelle-même de ce capteur communicant.
C’est l’une des premières leçons de ce projet que cette curiosité pour faire plutôt que de simplement consommer un dispositif technologique. Elle nous conforte dans l’idée fondatrice au coeur de Citizenwatt qui est de développer dans l’usage pour développer les usages citoyens de ce nouvel internet des objets et des données qui en résulte.
Prenant acte de cette appétence et de cette curiosité technologiques, nous avons proposé d’organiser un atelier de soudage -qualifié de « soudathon » en clin d’oeil ironique au hackathon pour développeurs – dans une cité du bailleur social partenaire. Fers à souder, ordinateurs, capteurs, composants ont pris l’air sortant des labs ou des fabs dans lesquels ces technologies utiles à tous sont trop souvent cantonnées pour être réservées à un public d’avertis par ailleurs soucieux de partager généreusement leurs expertises et savoirs-faires.
Le beau temps était au rendez-vous et la diversité culturelle, générationnelle et sociale ont rayonné dans la cité pendant que les habitants et les mentors s’entraidaient dans le délicat apprentissage de la soudure sur circuit imprimé. Faire par soi-même (ou regarder faire), comprendre ce que l’on fabrique et échanger autour des usages auront été autant d’activités mobilisatrices qui auront été proposées durant ce « soudathon dans la cité » comme en témoignent cet album photo et cesphotographies mobiles.
Et c’est alors que l’idéal de solidarité qui est au principe du projet s’est trouvé réalisé au pied des cages d’escalier dans une forme de vie associant apprentissage, entraide et sociabilité sur les lieux mêmes d’usage de la technologie.
Cette question des formes de vie sociales à aménager autour de l’usage des capteurs connectés est apparue avec évidence durant le temps de ce soudathon qui transfigurait cette résidence du 18ème populaire en uneSilicon Cité D.I.Y. Il est indéniable que des réseaux sociaux du web 2.0 sont nés des formats d’interactions en ligne (partager des contenus, rédiger des commentaires etc). C’est pourquoi, il importe, dans ce moment où se développe technologiquement ce » physical web de l’internet of things », que des formes de vie soient également imaginées. Une telle socialisation de l’innovation technologique ne peut dupliquer stérilement le format déjà là des réseaux socio-numériques et ne peut s’accomplir « hors sol », sur le mode du prototype, en disruption brutale, dans des labs générationnels. Afin d‘irriguer la ville d’innovations techniques et sociales durables fabriquées par et pour les habitants, il s’agit d’insérer ces dernières technologies là où l’on vit et l’on pratique le numérique et de prendre en considération des usages préexistants pour en forger de nouveaux.
Le déploiement technique de la Smart City suppose donc tout autant undéveloppement des usages qui passe par l’appropriation sociale des capteurs et des données de mesure par des citoyens intelligents par nature et outillés plus efficacement pour réduire la facture énergétique et l’empreinte environnementale.
Quelles formes de vie seront inventées avec le web des données et l’internet des objets D.I.Y par les sujets, par les habitants ? C’est aussi l’enjeu du projet Citizen Watt, un projet aux sources ouvertes pouvant donner lieu à un » fork « social généralisé et un upgrade du terreau local, telles ces associations de quartier – comme ici l’AFEV, le PIMMS et le Centre Social Torcy – qui déploient d’autres compétences techniques pour et par les Smart Citizens des quartiers.